Devenir béret rouge, c'est le rêve de nombreuses recrues du Cirfa. Photo Archives Laurent Dard.Ponctuel. Dominique S., 19 ans, le cheveu ras, l'air déterminé, est vêtu d'un jean et d'un tee-shirt noir : tenue assez décontractée mais somme toute impeccable. Il pousse, à 14 heures précises, la porte du Centre d'information et de recrutement des forces armées. C'est l'adjudant Coquard qui l'accueille dans les locaux du passage Bruzaud-Grille. Et l'invite, après de courtes présentations, à visionner deux DVD donnant un avant-goût de la vie sous les drapeaux. Dans le premier court-métrage, il est question de l'armée de terre et de ses 400 métiers. Le second évoque, par le détail, les tests auxquels il sera soumis au centre de sélection et d'orientation. Ce préliminaire met d'entrée en condition.
Tarbes a une culture militaire
Ils sont près de 200, chaque année, à faire cette démarche dans le département. Elle consiste d'abord à ouvrir un dossier. En 2008, 90 d'entre eux ont été recrutés. Les chiffres ne bougent pas par rapport aux années précédentes. Toutefois, l'adjudant-chef Claudine Segas, chef du centre de Tarbes, note « une petite pointe au mois de mars ». Et sans doute faut-il y voir un signe des temps, marqués par la grimpée du chômage. Tous les ans, près de 100 contrats sont signés. « Ce n'est pas mal pour un département comme le nôtre, estime-t-elle. Ce qui nous aide beaucoup, ce sont les deux régiments. ça nous fait une promotion permanente. Tarbes a une culture militaire. Ils y pensent forcément. »
Retour sur l'entretien dans le bureau du sous-officier. Qui débute par les présentations :
- « J'ai 25 ans de service et le niveau seconde, comme quoi, on peut y arriver », lance d'entrée ce militaire sur un ton plutôt chaleureux.
- « Je me suis arrêté au BEPC, j'ai fait un CAP d'électricité puis j'ai travaillé à La Poste comme facteur », raconte à son tour le jeune postulant, expliquant qu'il habite à Gourdan-Polignan.
« Je veux devenir un homme… »
Tout de go, il exprime son souhait : « J'aimerais rentrer au 35e RAP, chez les bérets rouges ». On lui rétorque que « c'est une spécialité, c'est pas une arme. En fonction de la visite médicale, je vous dirai si vous pouvez être para… » Le Cirfa 65 enverra, dans un premier temps, un dossier informatique, la convocation pour le centre de sélection arrivera après. « Vous y êtes pour deux jours et demi. ça va être aussi une grosse visite médicale. Faites vérifier vos dents, il faut être nickel », prévient-il. Quant aux épreuves sportives, selon l'adjudant Coquard, « ce n'est rien de sorcier mais ça demande de l'entraînement : course à pied et barre fixe ». Pour se faire les biscottos, Dominique a encore quatre ou six semaines devant lui.
Petit rappel mais il est d'importance, le comportement doit être exemplaire.
Dominique dit ne pas avoir de casier judiciaire mais joue franco en déclarant : « J'ai pas toujours été droit dans ma vie, mais je veux devenir un homme. Militaire c'est un métier courageux ».
Ces mots, il devra les répéter au moment de la sélection et lors de son passage en commission. Sans compter qu'il y a aussi les tests psychotechniques, « pour voir s'il y a la lumière à tous les étages », comme l'explique le sous-officier dans un langage imagé. Avant d'énumérer les avantages (notamment 1.250 € net par mois nourri logé) mais aussi les risques du métier.
Le candidat semble motivé. Ce qui fait dire à son interlocuteur : « Si c'est un rêve de gosse, c'est une bonne raison ».
Josiane Battoue
« On aide toujours celui qui est motivé »
« Remplir les casernes, ce n'est pas la mission des militaires, explique l'adjudant-chef Claudine Segas, chef du Cirfa 65. Si on est cuisinier, on est avant tout militaire. L'infirmier, par exemple, devra aller chercher celui qui a été blessé sur le terrain, armes dans le dos. » Elle tient donc à faire savoir, qu'une fois par an, les militaires partent en mission de 4 mois.
« À partir du moment où ils signent un contrat, ils savent à quoi ils s'engagent. » Tchad, Côte d'Ivoire ou Djibouti, les destinations changent selon les missions du régiment. Une brochure est d'ailleurs distribuée aux futures recrues, expliquant aussi l'engagement de la France en Afghanistan. Elle fait également remarquer que les motivations sont diverses, les recrues « veulent voir autre chose ». Mais la plupart du temps, si elles le demandent, elles restent basées dans le Sud-Ouest. « Ce qui élimine les gens, poursuit-elle, c'est surtout le médical. Avec le tir, les problèmes d'oreilles ne s'arrangent pas. » Et de préciser, par ailleurs, qu'il s'agit de CDD de 1, 3 ou 5 ans renouvelables. À la sortie, l'armée met à la disposition de ceux qui partent une antenne de reconversion. « On aide toujours celui qui est motivé », termine-t-elle.
J. B.