Photo du brigadier Amélie X. (Régiment de Hussards Parachutistes) le 13 décembre 2008 à Surobi en Afghanistan
 

Les combats d'Amélie, femme et para en Afghanistan

17 déc. 2008

KABOUL (AFP) — En Afghanistan, le brigadier Amélie X. mène un double combat: celui des unités d'élite contre les insurgés et celui d'une femme chez les paras, dans "un milieu peut-être un peu plus macho que le reste de l'armée de terre".

Son père, lui-même ancien militaire, était "contre les femmes dans les armées", mais il l'a emmenée, enfant, visiter "tous les blockhaus de France et de Navarre".

Bravant les préventions paternelles, Amélie a signé en janvier 2005 un contrat de cinq ans au 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes (Hautes-Pyrénées, sud-ouest).

Elle est aujourd'hui l'une des très rares femmes engagées dans une unité de combat sur le sol afghan, au sein d'un escadron de "recherche et d'investigation" chargé de recueillir du renseignement de terrain et basé à Kaboul.

Samedi, fusil d'assaut Famas en bandoulière et chignon serré réglementaire sous le casque lourd, le brigadier Amélie X. (l'anonymat est requis par les autorités militaires) participait à la sécurisation de Saroubi, un bourg situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Kaboul, où les insurgés sont bien implantés.

Après avoir déployé un impressionnant dispositif de sécurisation, les forces françaises ont posé, avec force discours et apparat, la première pierre d'une extension de l'école de garçons qu'elles financeront.

Ce jour-là, le brigadier Amélie X. était plus particulièrement chargé d'assurer la fouille de femmes afghanes à l'entrée du village. Une mission qui rend bien souvent la présence de "féminines", comme disent les militaires, indispensable sur le terrain.

Mais de son séjour en Afghanistan, la jeune para retiendra surtout ces enfants polycriblés victimes de munitions non-explosées. Ici, dit-elle, "les gamins ne pleurent pas".

Sur le terrain, il y a aussi le regard des Afghans, des hommes. "Quand ils voient une femme en treillis avec un flingue, ils sont estomaqués", remarque Amélie, qui n'est pas du genre à "baisser les yeux".

Son second combat, elle le mène depuis des années pour devenir para parmi les paras. "Si j'avais été un garçon, j'aurais été en peloton de combat... Or, je suis une fille et nous les filles, on est soit secrétaire, ce qui ne m'intéresse pas, soit transmetteur (radio)", constate-t-elle.

Le brigadier Amélie X. est cependant satisfait de son parcours. "Le summum pour moi, c'était d'être transmetteur en unité de combat et je le suis", dit-elle, se félicitant du "côté plus guerrier" de cette mission.

Aujourd'hui, Amélie voudrait devenir "pilote de véhicule blindé léger ou tireur de Milan, un missile anti-char", sans se faire d'illusions toutefois: "normalement, toutes les fonctions sont accessibles aux filles mais entre la théorie et la mentalité des gens..."

"Les mecs ont plein d'excuses", ajoute-t-elle dans un petit rire. Certaines lui semblent "valables" comme "les jalousies, les tensions ou les petites histoires" que cela pourrait créer dans le groupe ou ce que "les Israéliens appellent le phénomène +petite soeur+" lorsque, selon elle, des soldats protègent leur camarade féminine au détriment de leur mission.

"Les raisons moins valables, c'est par exemple l'hygiène", ajoute-t-elle, "pour moi, ce sont de fausses excuses".

Amélie soupçonne certains de ces camarades "d'être un peu blasés parce qu'avant, ils étaient seuls à sauter des avions et que maintenant, les filles font pareil". "A l'heure actuelle, une fille peut en faire autant qu'un mec, on tire aussi bien qu'eux et, en sport, j'en ai déjà mis à l'amende", enchaîne-t-elle.