Des hommes du 1er RHP, actuellement au Tchad au secours des victimes du Darfour.

Le quartier Larrey, à Tarbes, est quasiment désert. La plupart des hommes sont en Afghanistan et au Tchad. Seuls 150 restent en capacité d'alerte et de relève, suivant ce qui se passe à l'étranger. « Ils sont là aussi pour soutenir les familles », a expliqué, lors de sa visite à Barèges, le colonel Villiaumey, parti, depuis, au Tchad. « Les épouses sont plus seules qu'avant. Avec l'évolution de la société, les familles sont éparpillées, le 1er RHP et le 35e RAP se sentent le besoin de faire un effort pour éviter cet isolement. Les épouses des deux chefs de corps ont ce souci très présent à l'esprit et œuvrent à réunir les familles. Mieux leurs proches vont et plus les hommes sont concentrés sur le terrain. De nos jours, l'info va vite avec internet et skype. Ils savent tout ce qui se passe chez eux. » Thierry Letessier, gérant du centre régional de Barèges, a une idée qui lui tient à cœur, faire venir les enfants du 1er RHP pour un week-end de ski à Barèges, histoire de leur changer les idées. « Dès que j'en ai parlé, tout le village s'est mobilisé : Bernard Malus, le directeur de la station, a pris personnellement la décision de leur faire un prix exceptionnel ; Dominique Souberbielle, le directeur des thermes, propose un tarif spécial pour les parents accompagnant et les non-skieurs, idem pour le loueur de skis Sport 2000. Emmanuel Corret, le maire, offre une séance de cinéma gratuite. » C'est une grande première qui peut aller loin : « Si ça prend bien, je pourrai faire venir d'autres escadrons au CRB, ça fait quatre mois que je travaille là-dessus. C'est un projet dans l'esprit de Bercheny. Nous tournerons un film qui sera envoyé aux papas et mamans sur le terrain. Le temps d'une soirée, ils penseront à autre chose. » Thierry a la voix émue, « cela leur rappellera qu'ils doivent faire attention. Quand j'étais dans le Golfe, j'aurais aimé recevoir la même chose ». Maggy V.B.

Le lieutenant-colonel Jean-Jacques Smagghe.

Samedi 22 novembre 2008… un instructeur français de l'armée afghane est victime d'une mine, lors d'une reconnaissance à pied près du camp de Darulaman, au sud de Kaboul. Dimanche 23 novembre 2008. 22 hommes du 35e Régiment d'Artillerie Parachutiste de Tarbes, 4 hussards du 1er RHP et 7 personnels du 17e RGP, tous sous le commandement du lieutenant-colonel Smagghe, commandant en second du 35, rejoignent Kaboul.

Le lien ? Chacun aurait aimé le découvrir autrement que par un drame : mais il tient en quatre lettres, une mission commune. OMLT pour Operational Monitoring Liaison Team. La mission que remplissait l'adjudant du 3e Régiment du Génie, décédé samedi. La mission qu'effectuent aussi les Tarbais et Montalbanais depuis hier. « Une mission particulière qui consiste à former, encadrer et conseiller l'armée afghane » résume le colonel Smagghe, ce vendredi, comme il est donc sur le départ, à la tête d'une trentaine de parachutistes de la 11e BP. Un boulot qui, sur le papier peut sembler éloigné de la première ligne, là où sont engagés les autres artilleurs du 35e en Kapisa, avec leurs mortiers de 120 mm, mais qui ne l'est pas puisque l'on y est aussi exposé au danger, que là-bas, rien n'est anodin. Comme le démontre le drame de samedi. Comme le veut le contenu même de leur mandat.

Car au-delà de la formation des militaires afghans de ce bataillon, « afin de les amener à conduire de façon autonome leur mission » poursuit le lieutenant-colonel Smagghe, « notre détachement les accompagnera non seulement à l'instruction mais également en opération » précise-t-il encore. Artilleurs tarbais pour former les engagés locaux équipés de canons russes, hussards pour le travail de reconnaissance et de renseignement, parachutistes du génie pour le déminage : durant six mois, les militaires français vont poursuivre un travail délicat. Difficile. Et d'autant plus, sans doute, qu'on sait qu'en Afghanistan, aujourd'hui comme hier, la guerre est aussi un job. Payé 100 $­ par mois par les alliés. 150 $­ par les taliban. Et qu'il faut faire avec cette réalité-là.