Publié le 26/06/2011 10:42 | Lieutenant Ludivine Laujac

Tarbes. Trois hussards parachutistes au service de l'armée nationale afghane

armée

Les hussards de Tarbes sont également impliqués dans la formation de l'armée afghane.

Depuis le mois de mai dernier, le 1er escadron du 1er régiment de hussards parachutistes est engagé en Afghanistan, au sein du groupement tactique interarmes Raptor, dans la province de Kapisa. Ce que l'on sait moins, c'est que les hussards de Tarbes sont également impliqués dans la formation de l'armée afghane.

Rencontre avec le lieutenant D., l'adjudant-chef L. et l'adjudant B. ,tous les trois détachés au sein de la mission Epidote à Kaboul.

Insérés au sein d'une compagnie de l'école afghane, les trois hussards parachutistes conseillent donc au quotidien l'équipe d'encadrement locale. Pour le lieutenant D., mentor du commandant de la compagnie, « il ne s'agit en aucun cas de prendre la main sur l'instruction et d'imposer notre vision des choses. Nous proposons aux Afghans des solutions éprouvées qu'ils sont libres d'adapter à leur culture, leurs coutumes et leur sensibilité ». Et cela fonctionne ! Sur le terrain de manœuvre aux portes de Kaboul, l'adjudant-chef L. donne ses dernières instructions aux Américains qui vont effectuer une démonstration d'embuscade. Un chef de section de l'encadrement afghan l'écoute avec attention : c'est lui qui va faire les commentaires aux élèves assis sur la colline d'en face. La transition vers la pleine autonomie est en bonne voie !

Plus tard, sur le pas de tir, béret rouge vissé sur la tête, l'adjudant B. distille quelques conseils avisés aux spécialistes afghans tout en gardant un œil attentif sur le tir des jeunes afghans au fusil américain M16.

Demain, les apprentis chefs de section partent à nouveau sur le terrain avec les hussards parachutistes tarbais… Dans quelques semaines, promus lieutenants, ils partiront cette fois à la tête de sections afghanes dans les vallées du pays.

Lourdes. Revivre après la blessure afghane

Le brigadier chef Rouffet a porté les premiers soins au caporal chef Teahuitu. Tous les deux ont été gravement blessés ce jour-là./ Photo DDM P.C.

Légionnaire, parachutistes du 35e RAP de Tarbes ou du 17 RGP de Montauban, ils ont été blessés en Afghanistan. Venus assister au Pèlerinage Militaire International de Lourdes, ils témoignent.

Soutenue derrière la nuque, la tête dit la paralysie du corps. Mais le regard ne capitule pas sous ce képi blanc dont le coiffent doucement ses camarades légionnaires du 1er Régiment Étranger de Génie. La tétraplégie, c'est désormais le combat quotidien du caporal-chef Kevin Emeneya. 3 juillet 2010… Ce jour-là, une balle l'a frappé au crâne lors d'un violent accrochage avec des insurgés afghans.

En paix

Mais cette blessure « ça fait partie de l'honneur de la légion, je n'ai pas de regrets », explique-t-il. « J'ai la foi… Je suis persuadé que je vais remarcher, que je ne vais pas rester comme ça », poursuit ce jeune homme de 22 ans, qui s'est « senti en paix, ici».

Samedi 21 mai, sur une terrasse face à la grotte de Massabielle… Au pied de l'accueil Notre Dame, l'orchestre joue les notes bondissantes de la Marche de Radetzky tandis qu'on commence à rassembler chariots et fauteuils pour la procession.

« être un blessé grave, c'est être endormi et opéré tous les deux jours. Le pèlerinage militaire, c'est une bouffée d'oxygène pour ceux qui sont saturés de soins, ça leur redonne la pêche », constate le médecin général Bernard Rouvier, président de l'Hospitalité Notre Dame des Armées qui accompagne 90 malades et blessés des forces françaises. Sans compter ceux qui de retour chez eux « viennent par fidélité à leurs camarades ».

Témoins Trévor Rodrigues, Stéphane Rouffet et Tautuarii Teahuitu, deux brigadiers chef du 35e Régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes et un caporal-chef du 17e Régiment de génie parachutiste de Montauban.

Soutien mutuel

Trévor ? Il a 34 ans. Il est debout. Il marche. Mais le 11 février 2009, il était entre la vie et la mort en Afghanistan. Une mine artisanale, son blindé qui saute, le capitaine Sonzogni tué… Lui ? Des pieds à la tête, il est en miettes lorsqu'on l'évacue. « 26 anesthésies générales, 14 opérations » résume l'ancien commando qui partage à présent sa vie entre ses soins à l'hôpital Percy, sa rééducation et ses trois enfants « en préparant l'avenir, en tant que civil de la défense au régiment. » Lourdes ? « C'est important, je viens y retrouver des blessés que j'ai connus à Percy. Le soutien mutuel, c'est essentiel » souligne-t-il. « Sans rancœur » lui non plus.

Car oui, « pour nous, c'est sans rancune, on a la chance d'être en vie » reprend à son tour Tautuarii. Le 27 septembre 2008, il cherchait des caches d'armes en Kapisa. La balle l'a trouvé. « J'ai cru que je n'avais plus de jambe » se souvient-il.Et alors qu'il lui portait les premiers soins, son copain Stéphane a pris un éclat de roquette, « dans la jambe gauche aussi ». 27 opérations pour « Téa », 4 pour Stéphane qui n'a toujours pas récupéré, les nerfs étant touchés. Comme sa chair, son moral a été mutilé, sur le coup. Mais à Lourdes il sourit parce qu'« ici, il y a une fraternité, une reconnaissance envers les soldats à laquelle on n'est pas habitués dans la vie normale », conclut-il sobrement.

Le chiffre : 5

mutilés> pour un mort. 58 morts en Afghanistan, à ce jour, et pour un soldat mort, cinq sont atteints de blessures physiques graves : cette terrible loi de la guerre est observée par toutes les armées.

Le Battle Group Raptor prend les commandes en Kapisa

Depuis le 13 mai dernier, le Battle Group (BG) Raptor a officiellement succédé au BG Allobroges, principalement armé par le 7ème Bataillon de Chasseurs alpins (BCA), au cours d’une prise d’armes organisée sur la base opétrationnelle avancée (FOB) de Tagab, en présence du général Jean-François Hogard et de celui qui sera son remplaçant à la tête de la Task Force La Fayette, à savoir le général Emmanuel Maurin.

Le Battle Group Raptor (Rapace en français), commandé par le colonel Renaud Sénétaire, est constitué essentiellement par 3 compagnies du 1er Régiment de Chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers. Il s’agit du second déploiement de cette unité de la 11e Brigade Parachutiste en Afghanistan, le premier ayant eu lieu en 2007, à Kaboul, toujours dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Pour cette mission, le 1er RCP est renforcé par un peloton blindé du 1er Régiment de Hussards Parachutistes (RHP) et des éléments du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste (RAP), deux unités qui tiennent garnison à Tarbes et par des sapeurs du 17e Régiment de Génie Parachutiste (RGP) de Montauban. Les Véhicules Blindés de Combat d’Infanterie (VCBI) seront mis en oeuvre par des fantassins du 35e Régiment d’Infanterie de Belfort.

Avec le Battle Group Richelieu, qui sera prochainement relevé par le BG Quinze-Deux, armé principalement par le 152e Régiment d’Infanterie de Colmar, le BG Allobroges a mené plusieurs opérations d’envergure qui ont permis de sécuriser l’axe Vermont, qui traverse la province de Kapisa pour rejoindre Bagram.

Au cours de son mandat, le BG Allobroges du colonel Bruno Gardy a malheureusement perdu deux hommes : le capitaine Benoît Dupin, du 2e Régiment Etranger de Génie (promu chef de bataillon à titre posthume) et le chasseur de 1ère classe Clément Chamarier.

afghanistan

Les soldats du 1er escadron du 1er régiment hussards parachutistes de Tarbes sont arrivés à bon port en Afghanistan.

Partis de Tarbes le 2 mai, les soldats tarbais ont voyagé pendant trois jours.

Après de nombreuses escales, ils ont enfin rallié la vallée de la Kapisa en hélicoptère. Ils ont rejoint la base avancée de Tagab, leur nouvelle affectation pendant les six prochains mois.

Chaleur et poussière

Les hussards du 1er escadron ont retrouvé la chaleur et la poussière de l'Afghanistan.

Un théâtre d'opérations qu'ils connaissent bien pour y avoir déjà été stationnés en 2007.

Depuis, la situation a bien évolué. Mais les soldats tarbais sont entraînés pour faire face.

Après une période d'acclimatation, les parachutistes tarbais, placés sous les ordres du capitaine Patier, vont prendre toute leur part aux opérations menées dans leur zone avec le groupement tactique interarmes Raptor auquel ils sont rattachés.

D'autres soldats tarbais appartenant au 35e régiment d'artillerie parachutiste sont projetés en Afghanistan au sein de la brigade française Lafayette.